Du droit public au droit privé et du droit
interne au droit international et européen,
cette rubrique a pour ambition de
contenter toutes les spécialités.
N'hésitez pas à suivre cette chronique pour
découvrir chaque mois
une sélection des arrêts les plus marquants. Bonne
lecture !
CE 16 déc. 2016 n°401927 : le Conseil d’Etat confirme l’illégalité
d’un arrêté anti-mendicité pris par le Maire de Tours.
TA de Chalons en Champagne 1er déc. 2016 n° 1600410 : Le tribunal administratif reconnait
l’existence d’un préjudice moral de la victime d’une perquisition illégale.
TA de Paris Ord. 14 déc. 2016 n°1620779 : le juge des référés a rejeté la demande de
suspension de la diffusion du film « Sausage Party ». Les
associations requérantes soutenaient que la diffusion de ce film causait un
trouble auprès du jeune public et de leurs parents et qu’il préjudicie à
l’intérêt public de protection des mineurs. Le juge administratif se prête à
une analyse approfondie de ce film d’animation qui a fait sourire plus d'un juriste. A titre d’illustration, le tribunal relève que « les regards et
mouvements de tendresse d’un tacos envers un pain à hot-dog ne présentent pas
le caractère de scènes de sexe ».
CEDH 20 déc. 2016, Lindstrand Partners Advokatbyra AB
c. Suède, req. n° 18700/09
(décision seulement disponible en anglais) : la Cour européenne estime que
la perquisition de nature fiscale réalisée dans l’appartement et le cabinet
d’un avocat, ne viole pas l’article 8 de la Convention européenne des droits de
l’Homme qui protège le droit au respect de sa vie privée et familiale ainsi que
de son domicile.
Cette perquisition avait eu lieu en raison de suspicions de
fraudes fiscales envers un client du cabinet d’avocat. La Cour relève qu’il
existe bien une ingérence dans la vie privée et le domicile protégés par l’article
8. Mais, cette ingérence est qualifiée de nécessaire dans une société
démocratique et n’est donc pas contraire à l’article 8 de la Convention.
La Cour estime cependant que la Suède a violé l’article 13 de
la Convention, combiné à l’article 8 du même texte. En considérant irrecevable
l’action du cabinet d’avocat, les juridictions suédoises ont porté atteinte au
droit à un recours effectif.
CJUE 14 déc. 2016 aff. C-238/15,
Verruga : Le règlement (UE) relatif à la libre
circulation des travailleurs à l’intérieur de l’Union, « doit être
interprété en ce sens qu’il s’oppose à une législation d’un État membre qui
subordonne l’octroi d’une aide financière pour études supérieures aux étudiants
non-résidents à la condition que l’un au moins des parents de ceux-ci ait
travaillé dans cet État membre pendant une durée minimale et ininterrompue de
cinq années au moment de la demande d’aide financière, mais ne prévoit pas une
telle condition s’agissant des étudiants résidant sur le territoire dudit État
membre, dans le but d’encourager l’augmentation de la proportion des résidents
titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. » La loi
luxembourgeoise est donc jugée contraire au règlement précité.
Cass. Com. 13 déc. 2016 n°14-16037 :
« Le compte courant d’une société étant clôturé par l’effet de sa
liquidation judiciaire, il en résulte que le solde de ce compte, est
immédiatement exigible de la caution ».
Cass. Com. 13 déc. 2016 n°15-19509 :
« Seuls les cas de fraude ou d’infidélité prévus par l’article L. 133-6,
alinéa 1er du Code de commerce […] sont de nature à faire échec à la
prescription d’un an des actions auxquelles peut donner lieu le contrat de
transport ». Ces cas doivent être distingués de la faute inexcusable
prévue par l’article L133-8 du même code. Les cas de fraude ou d’infidélité
supposent en effet « de la part du transporteur à l’égard de son
cocontractant une volonté malveillante, une déloyauté ou une dissimulation du
préjudice causé à l’expéditeur ou au destinataire ».
Cass. 1ère Civ. 7 déc. 2016 n°15-22996 :
« Le mariage contracté en pays étranger entre un français et un étranger
est valable s’il a été célébré selon les formes usitées dans le pays de
célébration ; que la transcription prescrite par le deuxième, qui n’est soumise
à aucune exigence de délai, rend la qualité de conjoint opposable aux tiers
depuis la date du mariage ».
Cass. 1ère Civ. 7 déc. 2016 n°16-21760 : Concernant
un enlèvement international d’enfant, la Cour de cassation juge que « la
Convention de La Haye du 25 octobre 1980 ayant pour seul objet d’assurer le
retour immédiat des enfants déplacés illicitement et de faire respecter le
droit de garde existant dans l’Etat du lieu de résidence habituelle de
l’enfant, avant son déplacement, le juge de l’Etat requis doit, pour vérifier
le caractère illicite de celui-ci, se borner à rechercher si le parent avait le
droit de modifier seul le lieu de résidence de l’enfant pour le fixer dans un
autre Etat ».
Cass. Crim. 7 déc. 2016 n°
16-80879 : « Le
principe de proportionnalité ne peut s’appliquer à la confiscation d’un bien
qui, dans sa totalité, est le produit ou
l’objet des infractions dont le
prévenu a été déclaré coupable. »
Cass. Crim. 7 déc. 2016 n°15-85136 : « Aux
termes des articles 222-49, alinéa 2, et 450-5 du code pénal, les personnes
physiques coupables d’un trafic de stupéfiants ou de la participation à une
association de malfaiteurs encourent, à titre de peine complémentaire, la
confiscation de tout ou partie de leurs biens, ou, sous réserve des droits du
propriétaire de bonne foi, dont elles ont la libre disposition, quelle qu’en
soit la nature, meubles ou immeubles, divis ou indivis, et ce, sans qu’il soit
exigé que le bien sur lequel elle porte soit l’objet ou le produit direct ou
indirect de l’infraction ». Dans ce cas, le principe de proportionnalité s’applique.
Cass. soc. 8 déc 2016 n°15-17176 : « Le refus, par
le salarié, des conditions d'intégration proposées par la personne publique
reprenant l'entité économique à laquelle il est rattaché, en raison des
modifications qu'elles apportent au contrat de travail en cours au jour du
transfert, entraîne de plein droit la rupture du contrat de travail dès lors
qu'il n'est pas possible pour le repreneur, au regard des dispositions
législatives ou réglementaires dont relève son personnel, de maintenir le contrat
de travail de droit privé en cours au jour du transfert ou d'offrir à
l'intéressé un emploi reprenant les conditions de ce contrat. »
Cass. soc. 12 déc.2016 n°16-25793 : Dans un arrêt
attendu, relatif à la représentativité du Syndicat des travailleurs corses, la Cour
de cassation précise la notion de respect des valeurs républicaines. Elle
précise que « méconnaît les
valeurs républicaines un syndicat qui prône des discriminations directes ou
indirectes, en raison de l'origine du salarié ». En outre, même si des prétendues discriminations sont en cause, la
charge de la preuve n’est pas allégée. Il appartient toujours à celui qui
conteste le respect, par une organisation syndicale, des valeurs républicaines,
d'apporter la preuve de sa contestation.
- Lucie Bordron.
Master 2 Droit social et relations professionnelles
à l'Université Paris Ouest Nanterre.
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