dimanche 2 août 2015

"Personne ne devrait être président à vie"

C'est ce qu'a affirmé le président Obama le 28 juillet lors de son discours à l'Union Africaine à Addis Abeba, Éthiopie. À cette occasion, il a aussi appelé le continent à éradiquer le "cancer de la corruption" : « La corruption existe partout dans le monde [mais] aspire [en Afrique] des milliards de dollars des économies, de l’argent qui pourrait être utilisé pour créer des emplois, construire des hôpitaux et des écoles. […] Seuls les Africains peuvent mettre fin à la corruption dans leurs pays. »
Il a su faire preuve de dérision pour aborder le sujet des dirigeants inamovibles : « J’arrive au terme de mon second mandat. Être président des États-Unis a été un immense honneur pour moi. [...] J’adore mon travail, mais notre Constitution m’interdit de me représenter. Je pense que je suis un assez bon président, et que si je me représentais, je pourrais gagner. Mais je ne peux pas. [...] Et pour être honnête, j’ai hâte de vivre ma vie d’après. »
Et de continuer de manière plus offensive : « Je ne comprends pas pourquoi certains veulent rester aussi longtemps en poste, surtout quand ils ont beaucoup d’argent. [...]  Lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde, comme nous l’avons vu au Burundi. [...] On entend parfois un dirigeant dire : ‘Je suis la seule personne à pouvoir maintenir la cohésion de cette nation’. Si c’est le cas, cela signifie que ce dirigeant n’est pas parvenu à construire une nation solide ».

Bien que les progrès démocratiques en Afrique soient effectivement mis en danger par ces chefs d'États inamovibles, ce discours semble bien trop généraliste et insuffisant pour certains. En effet, ces propos résonnent en particulier dans des pays comme la RDC ou le Congo-Brazzaville (leurs constitutions respectives sont en plein débat).
Des sympathisants des pouvoirs en place dans ces pays se sont d'ailleurs empressés de critiquer allègrement ce discours, sans oublier de flatter les dirigeants au pouvoir.
Certaines critiques sont en parties fondées, comme lorsque Lambert Mendé, porte-parole du gouvernement de la RDC dénonce le fait que l'on s'adresse « aux pays africains comme si l'Afrique n'était qu'un seul pays, avec un seul problème, avec une seule solution ». Cependant, l'aspect généraliste du discours du président Obama était sûrement pour ne pas froisser directement et garder un dialogue ouvert.
D'autres critiques sont, elles, sans surprise de la part d'acteurs qui se complaisent dans une situation qui leur est favorable sans prêter une réelle attention à la population et se cachant derrière l'argument de la tradition pour mieux asseoir une déclaration abjecte.
C'est le cas de Jean-Didier Elongo, membre du comité central du PCT au Congo-Brazzaville, qui prétend que le président Obama n'a pas de connaissances des spécificités de chacun des pays d'Afrique. Mais il n'hésite pas à parler au nom de l'Afrique, et d'affirmer : « Être donneur de leçon, c'est bien, mais nous pensons que l'Afrique doit prendre son destin en mains et le Congo a cette chance d'avoir un homme d'exception qui nous réunit autour du dialogue avec toutes les forces vives de la nation et nous pensons que la démocratie est universelle, mais elle doit s'adapter aux moeurs et coutumes. C'est bien qu'il pense à la fin de son mandat à l'Afrique, mais l'Afrique n'attend pas grand-chose de ses enfants qui sont nés à l'extérieur et qui ne connaissent pas forcément la réalité africaine ».
 Il semblerait qu'il n'attende pas grand-chose non plus des enfants nés à l'intérieur de l'Afrique en se rangeant derrière le président Sassou-Nguesso au pouvoir depuis 1979…

L'Afrique est un continent d'avenir, seulement si les pouvoirs en place s'appuient sur ses incroyables atouts que sont ses jeunes, qu'ils soient nés à l'intérieur ou  l'extérieur. Et ceci afin de la renforcer et de continuer à faire progresser la vision qu'a le monde de l'Afrique en y voyant un lieu propice aux échanges économiques, à l'entrepreneuriat, etc. « Alors que l'Afrique change, j'ai appelé le monde à changer son regard sur l'Afrique [...] Après un demi-siècle d'indépendance, il est plus que temps d'abandonner les vieux stéréotypes d'une Afrique toujours enlisée dans la pauvreté et les conflits », a d'ailleurs déclaré le président Obama.

Je n’ai ici traité qu’une infime partie du discours du président Obama (y sont aussi abordés l’économie, la liberté, la situation des femmes, le terrorisme, etc.). Vous aurez deviné mon avis, j’ai trouvé son discours extrêmement bien construit et d’une pertinence certaine, n’en déplaise à ses détracteurs.

Je vous laisse vous faire votre propre avis avec la vidéo de son discours entier, en anglais.



Illustration : mediafrik.com
- Olivia

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